Chris Keller
est un hors la loi plein d’expérience avec
un casier judiciaire loin d’être vierge vu les motifs divers
et variés de sa condamnation. On constate déjà
que le personnage a vécu et n’est pas dupe. Il sait ce
qu’être et ce que sont les criminels. A Oz, aidé
de son physique, il dégage une certaine prestance qui oblige
les prisonniers à le respecter. Celui qui n’est pas convaincu
de sa force et qui ose le chercher et le nuire n’a qu’à
bien se tenir. Pour preuve, un prisonnier aryen empêche son compagnon
de cellule de téléphoner, il lui casse le nez de son avant
bras encore plâtré : Keller préfère agir
plutôt que parler. Il apparaît comme le compagnon de cellule
idéal, souhaitant connaître et comprendre mieux Beecher,
partageant de plus en plus de temps avec lui (échecs, télé,
lutte). Il semble arriver au bon moment pour changer les idées
de Beecher hanté par la haine et avide de vengeance envers son
bourreau de Schillinger. Pourtant, avec son allure un peu nonchalante,
Keller semble insaisissable et imprévisible. D’autant plus
lorsque l’on découvre le complot et le piège qu’il
tend à son compagnon de cellule. Charismatique, il commencera
à le persuader qu’il n’y a pas besoin de se lier
à un gang pour survivre à Oz. Puis, compatissant à
sa douleur suite au suicide de sa femme, il supportera et réconfortera
Beecher de sa détresse et de son malheur jusqu’à
en tomber amoureux en n’hésitant pas à lui arracher
un baiser devant tout le monde, ce qui l’enverra au « trou
». Pas de doute il vient de gagner l’amour de Beecher. Mais,
de retour à Em City, à notre grande surprise, ce personnage
sans scrupules n’hésitera pas à mettre fin à
son histoire qui venait de commencer laissant son ami s’effondrer
alors de plus belle. De la gentillesse, douceur et compassion, on découvre
alors la face cachée de Keller, n’hésitant pas à
attirer Beecher dans un piège après lui avoir brisé
le cœur, il lui casse les bras et les jambes aidé de Schillinger.
Keller a en effet atteint le but que lui a fixé Schillinger,
ennemi juré de Beecher, auquel il doit rendre service.
Tête
à claque dotée d’une extrême violence, on
est d’autant plus choqué de le voir détruire avec
plaisir l’homme qu’il aime(ait). Keller le provocateur compatissant
s’est alors révélé à nos yeux comme
un prisonnier haineux, s’amusant d’une personne faible,
lui qui était si tendre si protecteur peu de temps avant. Il
n’en est rien ? Peut être, peut être pas. Voilà
ce qui est intéressant avec ce personnage, c’est que l’on
ne peut être sûr de rien. Lorsque Chris revient dans sa
cellule, seul avec sa conscience, on voit le personnage chargé
d’émotions, réfléchir et douter de ses actes,
allant se recueillir sur le lit de Beecher envoyé à l’hôpital.
Keller est vraiment imperceptible. Eprouverait-il des sentiments qui
nous laissent croire à une rédemption auprès de
son ami ? En tout cas Keller ne doit plus rien à personne, n’a
jamais rien à perdre et va au bout de ses envies quelles qu’elles
soient et quelles qu’en soient les conséquences et les
moyens. Il semble n’avoir peur de rien et de personne.
Son profil psychologique est complexe. Paradoxal dans ses actes et sentiments,
ce personnage est vraiment déroutant. Bien qu’il dégage
une terrible confiance en lui à son arrivée et une morale
sans pitié, il a l’air d’être au plus profond
de lui-même, contrairement à certains prisonniers, sensible
et humain. D’ailleurs il donne l’impression de se découvrir
en même temps que nous le découvrons, ce qui le rend fascinant
car les possibilités qui s’offrent à lui apparaissent
infinies au sein de Oz.