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Kareem Saïd ou la bestialité domestiquée
Par Captain Oz


Saïd est sans contexte le personnage le plus complexe de la série.
Doué d'une intelligence outrancière, il se heurte sans cesse aux barrières du code civil et du système qu'il prétend combattre ; il déclara par exemple
à Reebadow dans l'épisode "De grands hommes" (S02 EP03) à propos de ce même code civil :"Pour moi, les lois de Dieu sont claires mais celles-ci ne sont que des mots sur une feuilles".

Ce qui semble être qu'une simple analyse de ces lois se transforme en véritable déclaration d'asociabilité chez un individu tel que lui. Une
certaine asociabilité certes compensée par l'influence populaire qu'il développe chez les détenus de tout clan, un pouvoir largement exprimé lors de l'émeute dans Emerald City ("Partie de dames" S01 EP08), premier point.

° Saïd de par la confiance que les détenus ont en lui représente une potentielle forme de guide et confident, il sait tel un fin psychologue infiltrer les pensées de ses "frères" et ainsi décèle facilement "les démons
qui " leur "agrippent le cul" (Poet dans l'épisode "Sans Appel" de la saison 02). Il est donc à lui tout seul l'incarnation semi parfaite - en témoignent ses échecs avec Beecher (quand celui-ci abuse de la bouteille: épisode "La
ferme aux animaux"
avant dernier épisode de la saison 02) ou avec Poet (quand celui-ci se fait réincarcéré à Oswald (dans l'épisode "La ferme aux animaux") alors qu'il en était sorti grâce à la publication de quelques poèmes dans un livre anthologie baptisé "l'Amérique de l'oppression" obtenue par Saïd)- du célèbre proverbe : "Le savoir c'est le pouvoir", tel un
Reebadow, il observe silencieusement l'intérieur du "donjon" et est prêt à bondir à la moindre occasion (ceci est par contre loin d'être récurrent à un Reebadow !). Une véritable panthère dans la cage aux oiseaux.

° Second point : Saïd est un humaniste. Il est humaniste par sa quête de rédemption de l'homme et sa croyance en l'individu. Il croit que toute âme, même la plus tourmentée, peut trouver le salut. C'est cette croyance qui fait de lui le sauveur des âmes de Emerald City, c'est sans contexte un excellent gage de qualité pour un l'extérieur mais cela fait plus figure d'escroquerie pour le staff de Oz. Son engagement humaniste fut dangereusement malmené lors de l'affaire avec le musulman qui le laissa sans secours lors de l'infarctus du premier. Obnubilé par son idée de vengeance,
Saïd a perdu du vue sa "rédemption des âmes" et décréta en présence de ses fidèles: "Tu as souhaité la mort de l'un des notres désormais tu es mort pour nous tous". Ce moment de la vie de Saïd laissa émerger sa face la plus
noire, celle d'un homme qui ne tolère aucune atteinte, celle d'un homme qui ne pardonne pas, celle d'un homme plein de haine et de vengeance (la loi du Talion appliquée). C'est lors de cette troublante scène de la série que l'on voit Saïd tel qu'il est vraiment : le Kareem Saïd qui fut incarcéré pour avoir incendier l'entrepôt d'un blanc. La haine à l'état pur, l'on a pas de besoin de deviner ce qu'il serait advenu du musulman si celui-ci se
retrouvait face à face avec Saïd dans une ruelle quelconque. Cet événement poste Saïd face à ses contradictions. Effrayant de constater que le plus humaniste et croyant des hommes peut aussi être plus noir que toute la
mauvaise volonté du monde, c'est l'incarnation du double jeu; l'une des armes les plus efficaces de Saïd et de tous les grands orateurs aux sombres desseins: le côté noir n'émerge qu'en situation d'atteinte grave à la
personne, en l'occurrence dans le contexte de Emerald City, Saïd.
Malheureusement, si Saïd désire mener à bien sa croisade antisociale il se doit de dissimuler ce "yin" ravageur qui menace sa crédibilité à tout instant. Ce fait de nos jours non acquis par la conscience collective d'Oswald permet de faire tomber Saïd irréversiblement car celui-ci aurait laissé entrevoir à son oratoire sa face cachée, sa face noire, la face qui fait de lui un homme dangereux au "moi profond" instable dont le danger serait d'entraîner dans sa chute tout corps passant à proximité. C'est son point faible, un point faible qui le discréditerai à jamais et dont aucun détenu à ce jour n'a un jour osé imaginer la mise à nu d'un tel talon
d'Achille. Le moyen le plus efficace de le mettre à nu ? Pousser le leader musulman au meurtre !


° Troisième point: Saïd est un populiste. Dans le sens où il est doué d'un talent inné de l'oration tout comme les despotes passés et futurs du monde contemporain. Il connaît tout des revendications des détenus mais plus encore il pénètre leur subconscient et acquière ainsi connaissance des craintes et des peurs de chaque prisonnier (cela rejoint le premier point).
Il est cet ami des "faibles" (ou du moins c'est l'image qu'il se donne) qui sait parler à la foule et se poster comme leader incontesté. Il connaît le vocabulaire à employer pour rallier les indécis à sa cause, de par sa fine connaissance du détenu moyen à Oswald il utilise les peurs et angoisses de chacun et se propose de trouver les solutions adéquates. Il est l'archétype même du despote révolutionnaire comme ceux qui ont ensanglantés le XXème siècle, il connaît le milieu, il sait à qui parler, il a incontestablement la maturité et la sagesse nécessaire pour provoquer une émeute et prendre le pouvoir; il est un danger potentiel qui a tout moment peut se fournir une cour sur mesure en vue d'actions terroristes futures. Son cerveau est un véritable plan de prise de pouvoir. De plus il sait très bien que le détenu
d'Oswald est plus que tout autre sujet à la violence et aux mauvais sentiments, se munir de la propagande qu'il développe contre le staff d'Emerald City est indispensable afin de mobiliser les détenus dans une lutte commune dont le dénouement serait malheureusement le meurtre accidentel ou pas de nombreux prisonniers par les commandos d'assauts (cf
"Partie de Dames"). La folie destructrice de Saïd entraînera sans contexte de nombreuses vies dans son sillage, c'est le lot de toutes les révolutions.
Saïd est un véritable humaniste doué des talents d'un despote.
Mais en prenant en compte toutes ces données, comment alors donner un visage humain à une telle rage dévastatrice ?
C'est le quatrième point.

° Quatrième point: Saïd est un homme bon. Saïd a une certaine générosité religieuse qui l'honore, ce sentiment qu'aider son prochain est sa mission divine, son inspiration. Cette face bénéfique de l'homme rend son enseignement louable et certes honorable. Il est le tenant d'une certaine solidarité et l'on ressent ce fait par une expression qui revient quasiment à tous les épisodes de la série: "Aider mes frères". Cette phrase résonne mille fois dans le coeur de tout homme normalement constitué, il lui donne une telle intensité, on sent l'homme prêt à tous les sacrifices pour sauver son prochain de la dérive, le protéger de la tentation de le violence, on sent un homme, que dis-je ? Un surhomme de par sa capacité à surmonter ses sentiments, ses mauvais instants car ce surhomme à l'esprit tant développé a appris à se maîtriser, à ne pas succomber à la tentation, il a appris à rester digne et honorable. Il développe ainsi un sentiment de confiance mérité chez ses "congénères" qui passent pour des faibles esprits en comparaison. Et c'est vrai, aucun autre détenu n'a acquis une telle sagesse à toute épreuve, une endurance telle, il est un homme sensible à qui l'on a donné ce don du surpassement continuel, il est un véritable prophète des temps modernes, un modèle humaniste à suivre et à louer. Il est un guide qui mène les consciences déchues vers un avenir meilleur.
Un guide malheureusement torturé et dont la sagesse ne sait parfois pas repousser tous les démons.
Les démons qui lui "agrippent le cul" (cf. premier point) s'appellent "mégalomanie", "haine", "vengeance", "rancune", certes comme je l'ai dit plus haut il sait surpasser ses mauvais sentiments mais la "haine", la "vengeance" et la "rancune" sont des démons enfouis prêts à surgir à tout moment de crise (cf. son arrêt cardiaque dans le deuxième point) et qui sont
dangereusement aux aguets. Mais comment Saïd serait alors un bon musulman sans cette "rancune", cette "vengeance" ? Sans diffamation, je peux affirmer que la loi du Talion est un principe islamique fondamental alors pourquoi un homme si pieux comme Saïd peut-il échapper à la règle ?
Ses démons sont par conséquent tout droit issus de sa foi, sa foi est un barrage qui interdit à Saïd de prolonger son engagement humaniste et restreint ses possibilités de manoeuvres, malheureusement remettre en cause sa foi serait porter un coup fatal à cet homme bon mais torturé et sensiblement plus faible que l'a démontré mon analyse car Saïd est avant tout un être au "moi profond" fragile mais qui ne le montre pas, c'est avant tout un être sensible et torturé mais qui ne le montre pas, un homme bon et généreux mais à la bestialité domestiquée que l'on ne montre pas.