(...)Bien qu'elle
soit diffusée en France par la chaîne Série Club,
accessible seulement sur le câble et le satellite, beaucoup de
spectateurs ont entendu parler d'« Oz », et un certain nombre
ont pu en avoir un aperçu lorsque la chaîne généraliste
M6 en diffusa le « pilote » (premier épisode) pour
« illustrer » (sic !) un numéro du magazine «
Zone interdite » consacré à la prison. Ce qui retient
M6 de diffuser la suite est certainement aussi ce qui choque les spectateurs
de ce premier épisode : la violence intense, physique et psychologique,
qui se dégage des histoires et des personnages. Mais la violence
n'est pas, et de loin, la seule caractéristique d'« Oz
». Diffusée depuis cinq ans aux Etats-Unis sur HBO, la
principale chaîne du câble, à raison de huit épisodes
par an seulement, et programmée sans coupure publicitaire, la
série est aujourd'hui riche de quarante-huit épisodes
et ne peut en aucun cas être assimilée à une «
série d'action violente située dans une prison ».
Par le microcosme que représente la prison, elle est tout à
la fois une description formidablement audacieuse de la culture de violence
de la société américaine, une interrogation profonde
sur la foi et la place de Dieu dans une société sans loi,
et une réflexion sur l'amitié et la loyauté entre
les hommes. Aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est
également la chronique de plusieurs histoires d'amour, et la
plus surprenante, est celle qui unit Beecher, avocat déchu transformé
en asocial par l'enfermement, et Chris Keller, assassin qui trahit d'abord
Beecher, puis implore son pardon. Cette histoire étrange, à
la fois violente et tendre, est l'une des passions les plus singulières
qu'il m'ait été donné de lire - et je dis bien
lire, car ce sont les visages et les gestes qui la disent, plus que
les paroles -, et qui fait voler en éclats toutes les figures
imposées de la passion amoureuse. (...)