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OZ ET LES MOUVEMENTS D’EMANCIPATION DES NOIRS AMERICAINS
par Séverine (alias Ozgirl)


Les références aux différentes mouvances de l’émancipation des Noirs américains sont fort nombreuses et participent aussi d’un mouvement réflexif : où en sommes-nous aujourd’hui ?

Il y a tout d’abord la référence à Malcom X, dont est inspiré le personnage de Karrem Said. D’autre part, dans l’épisode I, 6 a lieu un cours sur Georges Washington Carver. Ce chimiste, né de parents esclaves un an avant l’abolition de l’esclavage, a mené des travaux célèbres sur l’arachide, les pommes de terre et le coton. Il représente le rêve américain de réussite et d’intégration, montrant, au passage, que les Noirs peuvent réussir ailleurs que dans le sport, la danse ou la musique. Or, cette citation intervient alors qu’un grand basketteur, Jackson Vahue, est emprisonné à Oz. La confrontation de ces deux destinées provoque un conflit et montre l’incapacité de l’Amérique à réaliser le rêve américain pour tous. Mais la série s’interroge aussi sur les blocages venant de la communauté noire elle-même. Dans l’épisode II, 2, Tim Mac Manus met en place un système d’enseignement à Emerald City et il se rend compte que Kenny Wangler, un jeune Noir américain, ne sait pas lire. Tim Mac Manus veut lui faire apprendre, et Leo Glynn, le directeur de la prison, lui dit :

« One hundred and fifty years ago, it was against law to teach a slave to read. But some did, because they had a thirst for it. Well, the reverse is also true. You cannot force someone to learn. »

Finalement, Tim Mac Manus apprend à lire à Kenny Wangler et, à l’épisode suivant, lui offre pour le récompenser Up from Slavery de Booker T. Washington. Ce Noir américain prônait l’éducation comme moyen de se sortir de la misère. Cependant, il pensait qu’il fallait une éducation adaptée à son milieu et que les Noirs n’avaient donc pas besoin de connaître, par exemple, l’histoire, puisque cela les rendrait plus malheureux que de l’ignorer. Ainsi, Nicole Bacharan nous indique dans Histoire des Noirs américains au XXème siècle que :

« selon [Booker T.] Washington, il était trop tôt [en 1881] pour que les Noirs accèdent aux études supérieures. Apprendre un métier, devenir un ouvrier qualifié modéré, économiser et acheter quelques arpents de terre, voilà l’idéal que le directeur de Tuskegee offrait à ses élèves. Il cherchait à leur inculquer des principes d’honnêteté et d’épargne, des notions d’hygiène et surtout le goût et la fierté du travail manuel. »

Du fait de son attitude modéré, il était très apprécié des Blancs et certains leaders noirs, comme William Edwards Burghardt Du Bois, ont dénoncé sa politique. C’est donc très intéressant que ce soit un livre de cet auteur, et non pas d’un autre leader noir ayant défendu la valeur de l’éducation, que Tim Mac Manus offre. Loin de vouloir faire de Kenny Wangler un homme libre, non seulement physiquement, mais aussi intellectuellement, il semble plutôt vouloir en faire un jeune homme acceptant l’iniquité de sa situation. Nous voyons donc là les ambiguïtés du personnage.