Face au succès actuel des séries américaines en France, les chaînes de télé françaises prennent peu à peu conscience du décalage de niveau de qualité entre les productions US et les productions françaises.

Du coup, on commence à voir poindre en France des séries qui s'inspirent du savoir-faire américain.

Pour l'instant, on a des gros ratages avec des pseudo-remakes franchouillards (R.I.S. , L'hôpital...), des séries pas à la hauteur de leurs ambitions (Clara Sheller, Engrenages) ou les 2 (Paris : section criminelle).

Cependant, parmi toutes ces tentatives, quelques perles ou bonnes surprises arrivent à faire surface.

Les bleus : premiers pas dans la police, diffusée actuellement sur M6, est de celles là.

L’une des raisons principales qui m’ont donné envie de regarder la série est que l’un de ses créateurs et scénaristes n’est autre que Stéphane Giusti qui a réalisé l’excellent téléfilm L’homme que j’aime (qui a battu des records d’audience sur Arte et qui a remporté de nombreux prix dans des festivals) ainsi que la comédie Pourquoi pas moi ? avec Bruno Putzulu, Elli Medeiros et… Johnny Halliday ! L’une des particularités de cet auteur (qui se retrouve dans Les bleus) est de mêler habilement humour et gravité à la manière de la série trop méconnue (mais pourtant excellente) Rescue Me (diffusé en France sur Jimmy sous le nom pas très judicieux Rescue me, les héros du 11 septembre).

Au premier abord, on pourrait croire que Les bleus est une enième série policière sans saveur mais, ici, on est à des années-lumière des sempiternels Navarro, Julie Lescaut et autres Femmes de Loi.

Présenté comme une comédie, Les Bleus oscille plutôt entre scènes comiques, légères, loufoques, dramatiques ou carrément tragiques. A l'image d'une série américaine façon Urgences ou The Practice, on y trouve des histoires bouclées en un seul épisode alors que plusieurs de ses sous-intrigues sont feuilletonnantes (l'épisode 6 se termine d'ailleurs par un cliffhanger impressionnant que 24 ou Prison Break n'auraient pas renié).

Pour l'histoire, Les bleus nous raconte (comme son nom l'indique) les premiers pas dans la police de jeunes recrues. Ceux-ci étant inexpérimentés, ils font souvent des gaffes énormes ou même des erreurs tragiques par idéologie ou carriérisme et c'est ça qui fait l’un des intérêts de la série (en plus de ses dialogues qui sonnent juste). Ils sont également tous très attachants et on s’intéresse à leur histoire car ils ont chacun des motivations particulières qui les a fait rentrer dans la police. De plus, ils sont loin d’être aussi lisse que tous les clones de Julie Lescaut qui polluent les séries télé françaises depuis maintenant plus de 20 ans.

Les bleus a aussi ses petits défauts dûs à sa jeunesse ou à son manque de moyen (le même morceau de Massive Attack revient systématiquement à chaque épisode par exemple) mais, si on fait facilement l'impasse sur ceux-ci, on prend beaucoup de plaisir à la regarder car c’est aussi une série qui ne se prend pas du tout au sérieux.

Quoiqu'il en soit, Stéphane Giusti et Alain Tasma (l'autre co-créateur des bleus, spécialiste du genre policier) ont bien pris en compte le fait que, pour faire une bonne série, il ne suffisait pas de copier les américains en reprenant leurs concepts et en ne travaillant que sur la forme. En effet, le plus important, c'est le fond et ça, ils l'ont bien compris !

Si vous n’avez jamais eu l’occasion de regarder la série, je vous conseille de prendre le train en marche car les 2 derniers épisodes de la saison 1 seront diffusés mercredi prochain. Bonne nouvelle, malgré les audiences mi-figues, mi-raisins de la saison 1, M6 vient d’annoncer la production d’une saison 2 alors, parlez-en autour de vous, regardez là afin que Les bleus continuent longtemps et deviennent un exemple à suivre pour les autres productions françaises.

Pour ma part, alimenté depuis des années par les séries américaines, c'est la première fois que je suis aussi enthousiaste à propos d'une série française moderne (qui plus est, policière) au point d'en parler sur mon blog.

Avec Les bleus, on peut enfin ne pas avoir honte d’être fan d’une série française !